lundi 28 novembre 2011

Un nouveau sens pour l'innovation? Autosuffisance

L’autarcie est la situation d’un pays qui tend volontairement à se suffire à lui-même sur le plan économique — elle peut résulter de la volonté d’un État de modifier la structure sociale et économique à l’abri des influences étrangères ou, en vue de la préparation à la guerre, du refus de toute dépendance économique à l’égard de l’étranger.

Quand un pays se met dans une telle situation d’autosuffisance, il y implique de fait sa population. Cet enclavement génère des problèmes de toutes sortes : difficulté de la population à se soigner, se déplacer, à manger, à éduquer les enfants. Chacun est obligé de vivre dans l’instant, dans l’obligation du présent. Ces mécanismes de survie et d’entraide tendent à créer de nouveaux systèmes économiques qui engendrent de nouveaux objets et services. Ce sont souvent des objets à la portée de tous, créés à partir de matériaux in situ. Des objets précaires, pas nécessairement durables, mais recyclables.
Est-ce de l’innovation?

Selon la définition du dictionnaire Larousse l’innovation à trois sens :

•  Introduction, dans le processus de production et/ou de vente d’un produit, d’un équipement ou d’un procédé nouveau.
•  Ensemble du processus qui se déroule depuis la naissance d’une idée jusqu’à sa matérialisation (lancement d’un produit), en passant par l’étude du marché, le développement du prototype et les premières étapes de la production.
•  Processus d’influence qui conduit au changement social et dont l’effet consiste à rejeter les normes sociales existantes et à en proposer de nouvelles.

Les deux premières définitions du mot innovation sont adaptées à une société industrielle, voire à une société de consommation. L’innovation s’inscrit plutôt dans une situation d’économie de marché, de concurrence. Les entreprises investissent dans l’innovation pour être plus concurrentielles les unes que les autres, toujours à la recherche d’une valeur ajoutée.  Cette valeur ajoutée peut être de l’ordre du marketing, du design ou, comme le plus souvent, de l’ingénierie.

Le dernier sens demande un changement de pensée, et peut être de société. Elle émane d’une prise de conscience et de l’initiative de quelques-uns, d’un groupe de personnes qui se constitue en communauté, comme celle des locavores.

Dans ce cas précis, des pays en autarcie (voulue ou subie), cette innovation est quotidienne et présente dans tous les domaines, de la cuisine à l’automobile en passant par l’art et la culture. Cuba en est l’illustration vivante.

(Voir « Objets Réinventés », Ernesto Oroza Suarez, Ed Alternatives)
Pourtant, cette invention quotidienne est limitée à la survie. Elle ne projette rien dans l’avenir. Elle répond à une immédiateté. Elle est pourtant intéressante pour l’avenir du pays lui-même et pour nos sociétés occidentales. Notamment parce que lorsque Cuba s’ouvrira au reste du monde, sa population devra éviter de tomber dans la facilité de la consommation et s’interroger sur la conservation de sa manière de manger, de se déplacer, de vivre. Cette autarcie est contextuelle, elle est directement liée aux conditions économiques et politiques, à  l’embargo, sans laquelle elle s’écroule.
Comment ce peuple pourra à la fois s’ouvrir au monde et en même temps conserver son mode de vie anticonsumériste ?

Faire appel à la survie pour un peuple sur-peuplé ce n'est pas toujours facile. Étrangement quelques uns croient que c'est une forme de recylcage permanent et de consommation lente qui s'installe dans ses pays industriels. L'image qui évoque aussi notre population actuelle puisque nous sommes constamment en sur-consommation. D'ailleurs, nous sommes dans une ère ou nous réalisons les dégats que peuvent causer à long ou moyen terme les gaz et autres produits toxiques.

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